Aujourd’hui à on SEXplique ça, on parle de l’agression sexuelle. C’est important que chacun soit informé et outillé, pour vous, pour vos proches, pour les autres et parce que ça arrive encore trop souvent.

Définition :

Une agression sexuelle est un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée ou, dans certains cas, notamment dans celui des enfants, par une manipulation affective ou par chantage.

Il s’agit d’un acte visant à assujettir une autre personne à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la force ou de la contrainte, ou sous la menace implicite ou explicite. (Gouvernement du Québec, 2016) Cela peut impliquer des contacts (comme un baiser ou un toucher) sur les vêtements ou en dessous, des contacts aux organes génitaux et-ou la pénétration orale, vaginale ou anale (un doigt, un jouet, un pénis…) De plus, une agression sexuelle porte atteinte aux droits fondamentaux, notamment à l’intégrité physique et psychologique et à la sécurité de la personne. Cette définition s’applique, peu importe l’âge, le sexe, la culture, la religion et l’orientation sexuelle de la personne victime ou de l’agresseur sexuel, peu importe le type de geste à caractère sexuel posé et le lieu ou le milieu dans lequel il a été fait, et quelle que soit la nature du lien existant entre la personne victime et l’agresseur sexuel. (Gouvernement du Québec, 2016

Les différentes formes d’agression sexuelle :

  • intrafamilial 
  • extrafamilial
  • à l’enfance
  • à l’adolescence
  • à l’âge adulte
  • voyeurisme
  • exhibitionnisme
  • harcèlement sexuel
  • exploitation sexuelle
  • cyberviolence sexuelle 

Le consentement, un concept qui doit être actif

Dans le sens où la personne qui initie un contact ou un rapport sexuel doit aller de l’avant et demander le consentement de l’autre personne. La loi oblige quelconque personne qui désire avoir une relation sexuelle à prendre toutes les mesures raisonnables pour s’assurer de l’accord véritable de l’autre.

Petite précision importante : la personne qui consent peut retirer son accord en tout temps et y mettre un terme si par exemple elle ne se sent pas à l’aise d’aller plus loin.

Mythes et préjugés

  • L’homme agresseur et la femme agressée

On a tendance à croire que ce ne sont que les hommes qui agressent, pourtant les femmes aussi peuvent être coupables de pareil crime. On croit aussi que les femmes sont les seules victimes, mais encore une fois, ça peut arriver à n’importe qui.

  • Un parfait inconnu

On entend souvent l’histoire d’une personne seule, dans une ruelle, qui se fait agressée par un parfait inconnu. Ça arrive en effet, il faut toujours être vigilant, mais les agresseurs sont plus souvent qu’autrement des personnes qu’on connaît et en qui on avait confiance (un proche, un membre de la famille, un collègue de travail, ou même le chum ou la blonde!).

  • Habillement

La personne était habillée de telle façon, elle l’a donc cherché. Combien de fois l’avons-nous entendu celle-là? Qu’on se le tienne pour dit, personne ne s’habille en souhaitant être agressé. Personne.

  • Travailleurs du sexe

Le même principe s’applique ici aux travailleurs et travailleuses du sexe : qu’une personne vende ou ait déjà vendu ses services sexuels ne donne pas le droit aux autres d’abuser d’elle ou de présupposer son consentement d’avance.

  • Fausse-dénonciation

C’est très rare que quelqu’un porte de fausses accusations ou prétende s’être fait agressé, surtout si on considère l’aspect juridique qui est assez lourd et exigeant. Il est peu commun de vouloir porter l’étiquette d’une victime en plein front.

  • Déjà dit oui

Ce n’est pas parce que la personne a déjà dit oui auparavant ou qu’elle a déjà consenti à avoir des rapports sexuels plusieurs fois avec la même personne que son consentement est validé d’avance. Le consentement (enthousiaste libre et éclairé on ne l’oublie pas!) doit être renouvelé chaque fois qu’on désire entamer une nouvelle activité intime ou sexuelle. 

  • C’était juste des attouchements

On ne connaît pas le passé des autres. Il faut savoir qu’un simple geste, qui peut paraître banal, peut déstabiliser et donc perturber profondément une personne. Un baiser, une caresse ou un attouchement sans consentement, ça demeure une agression.

  • L’agresseur(e) était saoul(e) donc il(elle) n’était pas vraiment lui(elle)-même  

Pensez-y, quand il s’agit d’alcool au volant, la société se veut beaucoup plus sévère. Pourquoi est-ce différent lorsqu’on parle d’agression sexuelle? Pourquoi soudainement certains essaient de s’en servir pour excuser leur geste? Si ce n’est pas acceptable de conduire avec les facultés affaiblies, ce n’est pas plus acceptable de passer à l’acte et de justifier son inconduite par l’alcool ou la drogue. Abuser d’une substance pour justifier un acte criminel, c’est non.

  • La personne agressée était inconsciente ou fortement intoxiquée, elle ne s’en rappellera pas

Souvent, le fait de ne pas avoir de souvenir visuel d’une agression est encore plus troublant. La victime se rendra compte de la situation mais avec des indices différents : l’environnement autour d’elle, les sensations dans son corps (douleurs, inconfort, saignements), ses vêtements enlevés ou déchirés, etc. Le sentiment de panique peut vite prendre le dessus et le doute vient s’installer dans la tête de la victime : « est-ce que ça s’est vraiment passé? » L’incertitude peut perturber la personne encore plus que si elle avait un souvenir clair de la situation et même freiner ses ardeurs quant à son dévoilement.

Malheureusement, pour des raisons peut-être plus juridiques, on cherche souvent à prouver « à qui la faute ». En fait, la « faute » ne relève jamais de la victime, même si c’est ce que plusieurs croient à tort. Ce n’est JAMAIS au grand JAMAIS de votre faute si vous avez une subi une agression à caractère sexuel. Même si vous n’avez pas dit non verbalement, ce n’est pas un consentement. Un consentement demeure un « oui » enthousiaste, clair, libre et éclairé. Malencontreusement, des victimes s’en veulent de ne pas avoir dit non plus fort, de ne pas avoir crié, de ne pas s’être défendu, d’avoir désiré leur agresseur(e), d’avoir porté telle sorte de vêtement, de s’être promener seul, bref la liste est interminable. S’il faut retenir un message ici, ce serait le suivant : ce n’est pas votre faute. Personne ne demande à vivre ce genre de chose.

Des chiffres qui parlent

  • 83% des victimes sont des femmes
  • 50% des victimes sont des mineurs
  • 24% des victimes ont entre 20 et 34 ans
  • 31% des agresseurs ont moins de 20 ans
  • Près de 90 % des agressions sexuelles ne sont pas déclarées à la police.

Qui est plus à risque ?

  • 1 femme sur 3 vivra une agression sexuelle au courant de sa vie
  • 1 homme sur 6 vivra une agression sexuelle au courant de sa vie
  • 1 femme sur 7 vivra une agression sexuelle dans un cadre de relation amoureuse
  • 2 agressions sur 3 se produisent dans une résidence privée

Et chez les mineurs ?

  • 1 fille sur 5 vivra une agression sexuelle
  • 1 garçon sur 10 vivra une agression sexuelle

Par contre, même si on arrive à mettre certains chiffres sur une problématique, il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas d’âge ou de sexe pour subir une agression sexuelle. Ça peut arriver à n’importe qui, n’importe quand. Pour ce qui est des agresseurs, il n’existe pas réellement de portrait ou de profil typique. L’agresseur sexuel peut être un conjoint, un ami, une connaissance, un professionnel, un collègue de travail, un employeur, un camarade d’études, un voisin, un membre de la famille, un client, un patient ou un inconnu. Il faut retenir que les agresseurs peuvent eux aussi avoir besoin d’aide et que de leur fournir cette aide dont ils ont besoin peut empêcher des situations potentiellement dangereuses dans le  futur.

Qu’est-ce qui influence la sévérité des conséquences chez la victime?

On peut se demander en effet, ce qui aide ou même ce qui n’aide pas à surmonter ce genre d’épreuve. Cette capacité à rebondir et à retomber sur ses pieds après une situation difficile : ce qu’on appelle communément la résilience. Voici donc quelques facteurs qui peuvent avoir une influence sur la résilience d’une victime :

  • l’âge de la victime (où elle en est dans son développement)
  • la fréquence et la durée de la ou des agressions (combien de fois et pendant combien de temps ont duré les agressions)
  • le lien avec l’agresseur (plus c’est une personne proche, en qui on avait confiance ou qui était sensé nous protéger, plus les conséquences peuvent être sévères)
  • les gestes et paroles (les mots prononcés par l’agresseur peuvent marquer, comme : « c’est juste ça que tu mérites, tu m’as excité, c’est de ta faute », etc)
  • le degré de violence (s’il y a présence d’autres formes de violence)
  • la réaction de l’entourage (si l’entourage remet en doute notre parole versus si l’entourage nous croit et nous soutient)
  • l’accès à de l’aide (connaître des ressources utiles)

Quelles sont les conséquences d’une agression sexuelle?

Elles peuvent être physiques, si on parle par exemple de blessures, de grossesse non désirée ou d’infections transmises sexuellement. Elles peuvent aussi être psychologiques : sentiments de peur, d’anxiété, de culpabilité, de méfiance, avoir une faible estime de soi, avoir des difficultés à entrer en relation avec les autres, souffrir de dysfonctions sexuelles, développer une dépendance à des substances, un évitement total de la sexualité, Syndrome du Choc Post Traumatique (SCPT), de la compulsion, la dépression… Vous comprendrez ici que cette liste n’est pas exhaustive et que les conséquences d’une agression à caractère sexuel sont multiples.

Quoi faire si ça nous arrive ?

La première et surtout la meilleure chose à faire est d’en parler, de se confier à quelqu’un de confiance  donc de dévoiler notre agression et surtout d’aller chercher de l’aide. Ensuite, si on le désire, on peut aussi dénoncer la situation pour porter plainte. 

Pour toutes les personnes mineures, il est recommandé de dévoiler en premier lieu à la DPJ (Direction de la Protection de la Jeunesse). Ça peut fait peur, on entend toutes sortes d’histoires sur la DPJ, mais cette organisation est en place seulement et uniquement pour protéger les jeunes. Si jamais une agression survient sur le lieu de travail on peut en faire part au syndicat, ou à l’ordre professionnel de l’agresseur si tel est le cas ou bien sûr à la police.

Il faut se rappeler qu’en dévoilant ce qui nous est arrivé, on peut aussi aider d’autres personnes (surtout dans le cas où il y aurait plusieurs victimes d’un même agresseur) ou même empêcher que cela se reproduise chez quelqu’un d’autre.  

Quoi faire quand un proche se confie à nous?

  • croire la victime
  • écouter sans juger
  • ne pas jouer à l’enquêteur (en demandant ce que la victime portait comme vêtements, ce qu’elle faisait, avec qui, à quelle heure…)
  • recevoir le dévoilement sans minimiser ou amplifier la situation
  • éviter des réactions trop fortes (du genre « j’vais le tuer » ou « je vais la battre »)
  • valider les émotions de la victime (en utilisant une phrase simple comme : « c’est correct et normal que tu vives de l’anxiété, de la colère ou de la tristesse après ce que tu viens de subir »)
  • remettre la responsabilité à l’agresseur donc dire à la victime que ce qui lui est arrivé est un geste blessant et inacceptable, et que ce n’est pas de sa faute, au lieu de répondre : « Es-tu sûr(e) que tu n’as pas juste mal compris son geste? » ou « Ça ne se peut pas, il(elle) est tellement gentil(le) avec moi pourtant! »
  • informer la victime sur les ressources disponibles qui existent

Bref, une agression sexuelle n’est jamais banale. Et ça arrive trop souvent, encore aujourd’hui et c’est pourquoi il faut en parler.

Si, après la lecture de ce texte, vous souhaitez parler à quelqu’un, obtenir de l’aide ou si vous avez besoin de soutien, nous vous invitons à appeler aux lignes d’écoute suivantes ou même consulter les liens internet ci-bas :

Ligne-ressource provinciale pour les victimes d’agression sexuelle : 1-888-933-9007 ou 514-933-9007 (Montréal)

Partage au masculin : 1-866-466-6379

Centre d’entraide et de traitement des agressions sexuelles (pour agresseurs adolescents et adultes) : 450-431-6400

Ressources d’aide s’adressant aux agresseurs sexuels – Groupe Amorce : 514 355-8064

http://www.cvasm.org

http://www.aqpv.ca

http://www.calacs-entraide.ca

http://www.partageaumasculin.com

http://www.tcvcasl.com

http://www.groupeamorce.com

https://expressionlibre.ca

http://www.agressionssexuelles.gouv.qc.ca

http://www.rcentres.qc.ca/centres.aspx

http://criphase.org

http://www.vasam.org

http://trevepourelles.org

http://www.cpamapc.org

http://www.ivac.qc.ca

http://www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sociaux/agression_sexuelle/index.php?ressources

Les statistiques de ce texte sont toutes tirées de :

Ministère de la Sécurité publique (2006). Les Agressions sexuelles au Québec.

Statistiques 2004. Sainte-Foy, Québec: Direction de la prévention et de la lutte contre la

criminalité. Ministère de la Sécurité publique.

Gouvernement du Québec. Orientations gouvernementales en matière d’agression

sexuelle. Ministère de la Santé et des Services sociaux. 2001.

Signé, l’équipe de on SEXplique ça!