Onze minutes, le roman de Paulo Coelho. À lire absolument !

onze minutes paulo coelho

Comme les précédents, son dernier livre parle de la spiritualité et du sens de la vie. Cette fois à travers l’histoire particulière et atypique de Maria, ancienne prostituée brésilienne à Genève.

Interview de Paulo Coelho

Onze minutes. C’est le temps d’un rapport sexuel habituel, sans passion ni débordement particulier. C’est aussi le titre du dernier roman de Paulo Coelho, qui raconte le parcours émouvant de Maria, une jeune et jolie Brésilienne du Nordeste, devenue prostituée à Genève avant de renaître pleinement à la vie en découvrant l’amour. Un livre dur et émouvant, un livre troublant surtout.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement touché dans l’histoire de cette Brésilienne?

Paulo Coelho : La première chose qui a attiré mon attention: c’est sa première phrase quand nous nous sommes rencontrés. Elle m’a dit: «Savez-vous ce que c’est que de vivre sans amour? Vivre sans amour, c’est pire que de vivre sans manger ou sans boire.» La deuxième chose qui m’a touché, c’est que j’ai de la tendresse pour les personnes qui cherchent. Celles qui cherchent un sens à leur vie, celles qui cherchent à explorer les relations avec les autres.

Eh bien, Maria est une femme qui cherche! Comme je le raconte dans le livre, elle a un travail au Brésil, dans une ville reculée du Nordeste, mais elle veut connaître autre chose, elle veut vivre différemment. Elle va passer une semaine à Rio de Janeiro, elle rencontre un Suisse qui lui propose un travail à Genève et elle prend la décision de quitter son pays pour découvrir un autre monde. Et là, malgré toutes les difficultés et le travail de prostituée dans lequel elle se lance, elle continue à avancer, elle ne s’arrête pas.

Elle s’identifie au berger de «L’alchimiste» qui poursuit la quête de son trésor malgré les difficultés. Avait-elle lu le livre?

Paulo Coelho : Oui, et elle a suivi la même logique que le berger. Elle a compris que les obstacles ne doivent pas nous décourager. Ils sont là pour tester notre courage, ils nous aident à aller plus loin et à poursuivre notre rêve.

Ce livre, c’est une sorte de méditation sur le sexe.

Paulo Coelho : Oui, je n’ai pas voulu faire un livre théorique sur le sexe, mais j’ai voulu décrire les émotions et les sentiments qui saisissent des personnages quand l’amour naît dans leur cœur. Quand j’étais jeune, j’ai participé au mouvement hippie et j’ai voyagé un peu dans le monde entier.

A cette époque, le sexe était là tout le temps, il faisait partie naturellement de la vie. Plus tard, je me suis demandé pourquoi. Pourquoi est-on intéressé par le sexe, pourquoi en parle-t-on tout le temps, pourquoi en rêve-t-on?

Votre intuition, c’est que le sexe est une voie vers Dieu?

Paulo Coelho : La sexualité a un sens sacré. Dans le livre, Maria va apprendre à réconcilier son corps et son âme, comme nous essayons aussi de le faire dans notre vie quotidienne. Quand elle travaille comme prostituée, elle n’a jamais d’orgasme, mais quand elle tombe amoureuse, l’orgasme qu’elle éprouve la bouleverse corps et âme et lui donne le sentiment de connaître Dieu. Elle a l’impression d’être dans une prière, comme si l’univers et la vie étaient devenus sacrés et hors du temps. Elle découvre l’amour véritable qui ne dure plus onze minutes – le temps passé avec un client –, mais une éternité.

L’itinéraire de Maria n’est-il pas trop atypique pour être vraiment représentatif?

Paulo Coelho : Je crois que l’essentiel de son parcours, à savoir la découverte du sens sacré de la sexualité, correspond au parcours de tout le monde, même si la plupart des gens ne font évidemment pas le même itinéraire que Maria. Tout le monde franchit les mêmes étapes de la découverte du sexe, avec ses problèmes mais aussi sa richesse relationnelle.

Pourquoi avoir transposé son histoire à Genève, alors qu’elle s’est déroulée en réalité à Zurich?

Paulo Coelho : Parce qu’elle me l’a demandé. Elle vit aujourd’hui à Lausanne avec ses deux filles et elle craignait que son identité soit connue.

Vous êtes un spirituel. Ne craignez-vous pas de brouiller votre image avec ce livre?

Paulo Coelho : Au début, j’étais un peu inquiet, je savais que je prenais un risque. Je me suis dit que le public ne comprendrait peut-être pas que je parle de sexe. Il y a encore tellement de tabous! J’avais un peu peur de décevoir mes lecteurs, c’est pourquoi j’ai dédié le livre à un homme que j’ai rencontré par hasard à la grotte de Lourdes, alors que j’allais chercher de l’eau miraculeuse. Et puis, je suis un écrivain connu, je suis membre de l’Académie brésilienne, la crème de la crème, le saint des saints de la littérature brésilienne. Et je suis catholique aussi. Mais j’avais envie de parler des problèmes qui me préoccupent. Pour l’instant, je crois que les gens ont été un peu surpris, mais qu’ils sont intéressés. A travers l’histoire de Maria, ils réfléchissent aussi à leur vie et à leurs rêves.

Article précédent
Baisse récente de libido. Un sexologue vous répond.
Article suivant
Comment identifier le clitoris d’une femme et le stimuler ?